Éditions Vuibert, 1993

Pour beaucoup, la participation des salariés ( « toute forme de gestion de la production ou de l’entreprise à laquelle prennent part ou sont associés les opérateurs », selon la définition de l’auteur) devait résoudre bon nombre de problèmes, sociaux autant que techniques, et déboucher sur un nouveau type d’entreprise.

La déception est aujourd’hui à la hauteur des espoirs – déraisonnables – d’hier. Ce n’est pas la participation qui est en cause, explique Jean-Louis Laville, mais l’absence de cohérence entre trois pôles : l’environnement de l’entreprise (le couple marché-produits), le pôle « techniques-organisation », le pôle « ressources humaines-relations professionnelles ».
A partir d’une enquête portant sur des entreprises situées dans cinq pays européens et pratiquant la participation, il dégage plusieurs modèles participatifs selon que l’entreprise produit à la demande dans un environnement imprévisible (modèle professionnel) ou réalise une production de masse dans un environnement prévisible (modèle rationnel), et selon que la finalité visée est de renforcer la cohésion de l’ensemble du personnel ou de faire émerger une élite. Loin d’être un gadget, ou une entreprise de manipulation, la participation devient alors un moyen, pour l’entreprise, de « créer du lien social » et, du coup, d’améliorer la cohérence entre les trois pôles indiqués. Au fond, explique l’auteur, le sentiment d’appartenance productive ne peut apparaître sans que l’organisation du travail soit modifiée en conséquence.